Fiche
Résumé
2010
L’église Saint Hilaire à la Combe se trouve à près de 1,5 km orthodromiques à l’ouest du village de Curemonte en Corrèze. Centre d’une paroisse autonome encore en 1320, elle n’apparaît plus dans les sources, à partir du XVIIe siècle, que comme l’annexe de l’église du bourg. La tradition locale, largement fondée sur les travaux d’un érudit de la deuxième moitié du XIXe siècle, Jean Baptiste Poulbrière, attribue sans plus de précision sa fondation à l’époque romane (fin du XIe ou XIIe siècle) ; mais l’existence d’un site antique aux environs immédiats de l’édifice évoque, selon les historiens locaux, une fondation plus haute encore qu’ils situent tantôt au Ve VIe siècle, tantôt au VIIe siècle. Les recherches historiques récentes ont cependant révélé le vieillissement de ces données et la faiblesse des fondements sur lesquels elles reposent. L’analyse des décors intérieurs réalisée par Matei Lazarescu dans le cadre de l’important projet de restauration engagé par la municipalité et l’association des Amis de Curemonte au début des années 2000 fournit les datations les plus hautes reconnues pour l’heure sur le site. Il s’agit de peintures murales représentant un faux appareil dessiné au trait rouge sur fond blanc, attribuées au XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle.
L’église Saint Hilaire est bâtie sur un petit plateau, en partie artificiel, aménagé sur le flanc du versant est du vallon encaissé du ruisseau de Maumont (fig. a). Elle présente un plan orienté à vaisseau unique pourvu d’un chevet à cinq pans flanqué au nord d’une chapelle, également orientée, formée d’une courte travée droite de 2,40 m de long et d’une absidiole. La nef présente, dans œuvre, une longueur de près de 12,80 m et une largeur de 5,60 m en moyenne. Elle est composée de trois travées sensiblement inégales délimitées par des colonnes engagées sur dosseret, sur le tailloir desquelles subsistent quelques voussoirs d’arcs doubleaux témoignant de l’existence d’un voûtement disparu. Au nord du bâtiment, une construction accolée à l’église prolongeait la chapelle vers l’ouest-sur sept mètres environ. Le mur gouttereau de la nef porte de nombreuses traces de remaniements qui témoignent des multiples phases de l’évolution de cette partie du bâtiment qui communiquait originellement avec la chapelle nord et avec la nef de l’église (fig. b). des murs de bouchage condamnent actuellement ces accès et isolent un espace qui semble par la suite avoir été dévolu à la fonction de logis.
L’église de la Combe a fait l’objet de plusieurs campagnes d’investigations. Au début des années 1970, une fouille « non déclarée » a été réalisée dans le but de retrouver le sol ancien de la nef. Cette exploration qui n’a laissé aucune trace écrite ni aucun document graphique est à l’origine de l’important abaissement du sol de la première travée (fig. c). Deux autres campagnes, autorisées celles-ci, ont été menées en 1984 et en 1986, qui ont permis d’identifier et de documenter un niveau « de terre battue » interprété comme un sol médiéval. Au cours de ces recherches, des vestiges de constructions antérieures à l’édifice actuel ont été repérés dans et hors de l’église mais aucun élément d’interprétation et de datation n’a pu être mis au jour. En complément de ces données, et pour apporter des éléments de réponses aux questions qu’elles soulèvent, la Drac du Limousin a prescrit une étude archéologique en accompagnement de l’étude préalable à la restauration de l’église. L’opération a été réalisée par une équipe de quatre archéologues et une anthropologue du Bureau d’étude Hadès sur une période de cinq semaines. Trois sondages ont été entrepris à l’intérieur de l’église. Deux autres fenêtres d’exploration ont été ouvertes à l’extérieur, au nord et à l’est du bâtiment. La zone dite du « logis » a également été fouillée et l’intégralité du bâti existant a fait l’objet d’une étude minutieuse.
L’ensemble des secteurs explorés a révélé la présence d’inhumations. Sans surprise les densités les plus importantes ont été repérées dans l’église et à l’est du bâtiment, dans l’enclos de l’ancien cimetière. En outre, la fouille a permis de mettre au jour des éléments du plan initial de la chapelle (contreforts) ainsi qu’un mur antérieur situé légèrement plus au nord que le reliquat du mur nord actuel du logis et qui ne semble pouvoir être associé à aucun des éléments du bâti existant.
À l’intérieur de l’édifice, les principales structures identifiées lors des fouilles anciennes ont pu être reconnues ainsi que des substructions inédites ; mais les fenêtres d’exploration souvent trop réduites n’ont pas toujours permis d’établir formellement les fonctions que ces structures ont pu remplir et que seule une exploration d’envergure permettrait de déterminer. Toutefois, la fouille, l’étude du bâti et l’analyse des décors (fig. d) permettent de poser de nouveaux jalons chronologiques qui, croisés avec les données déjà connues, permettent d’attribuer à la deuxième moitié du XIIe siècle la construction des parties les plus anciennes du bâtiment.
Ugo CAFIERO
2016
En janvier 2016, le Service régional de l’Archéologie, en concertation avec le service des Monuments Historiques, a de nouveau prescrit une opération archéologique sur l’église, sous la forme de sondages. Cette prescription a été motivée par plusieurs découvertes fortuites et inédites, faites par les maçons de l’entreprise Socoba.
Celle-ci a utilement complété les précédentes interventions. On mettra en avant la fondation de l’autel maçonné découverte dans la chapelle nord (fig. 1 et 2). Cet autel se distingue par la qualité de sa construction, et par son ancienneté supposée (époque romane ?). Il faut dire que les autels médiévaux sont finalement peu représentés dans le corpus des découvertes archéologiques, peut-être en raison du fait qu’ils n’ont généralement pas été enfouis. Dans une moindre mesure, les autres trouvailles de cette campagne de fouille sont aussi dignes d’intérêt : on pense notamment à la croix patriarcale réutilisée comme élément de dallage dans la nef (fig. 3). Si cette pierre a été découverte en dehors de son contexte stratigraphique initial, elle n’en reste pas moins importante du point de vue de l’étude des monuments funéraires médiévaux et modernes du Limousin. En effet, son décor fait référence à l’ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Dimitri PALOUMBAS-ODILE