Fiche
Résumé
Situé aux confins du Limousin et de l’Auvergne, le village de Rilhac-Xaintrie est installé sur une coulée de lave, à une altitude moyenne de 620 mètres. Il est dominé au sud-ouest par le château, construit sur une rupture de pente. Inhabitée depuis plusieurs années, la fortification n’offre aujourd’hui aucun confort moderne. Les propriétaires actuels souhaitant réaménager le corps de logis principal, plusieurs campagnes de restaurations ont été programmées. Ces travaux ont commandé plusieurs opérations archéologiques depuis 2003, apportant des connaissances sur le passé de l’édifice.
Le château se présente actuellement sous la forme d’un bâtiment rectangulaire sur lequel sont accolées une tourelle d’escalier servant d’accès en façade sud et une tour circulaire résidentielle au nord. Les sources permettent de restituer un second bâtiment (actuellement disparu) de forme rectangulaire, flanqué d’une tour ronde, disposé en équerre au sud-ouest du bâtiment principal. Les éléments de décors en place situent la construction de l’élévation avant la fin du XVe siècle, date non confirmée en archives, par manque de textes. La campagne de sondages de 2009 fait suite à un diagnostic réalisé en 2003 par l’INRAP, qui a porté sur l’extérieur du château, mettant en avant une grande campagne d’apports de remblais au XIXe siècle pour le rehaussement des niveaux de jardin, ainsi que la présence d’un fossé dans une phase antérieure du château en partie sud-ouest, non attesté en partie nord. En 2008, une campagne de sondages du SRA met au jour les sorties de conduits de latrine au sud-est de la tour nord. Les travaux prévus pour 2009 impliquent une vidange de ces conduits ainsi que la réalisation de sondages dans les caves et le jardin situé au nord du bâtiment rectangulaire.
Les investigations menées à l’intérieur, dans les niveaux de caves du logis rectangulaire, n’ont pas permis d’observer d’anciens niveaux de sol. En effet, ces derniers ont probablement été évacués lors des travaux de réfection successifs du château. La fondation du mur gouttereau nord a été mise au jour, en tranchée pleine dans le substrat. Le sondage extérieur, situé contre le mur gouttereau nord, le long du mur de refend, a permis de confirmer les niveaux de remblaiement pour le rehaussement du jardin, de préciser le niveau de circulation antérieur situé à environ 1,35 m en dessous du sol actuel et d’observer la fondation extérieure du mur, effectuée en tranchée ouverte et posée directement sur le sol géologique. Les trois salles de latrines situées dans la tour nord ont fait l’objet d’un nettoyage ainsi que d’un relevé pierre à pierre en élévation et en plan. Ménagées dans l’épaisseur des murs, elles sont en forme de L, voutées pour deux d’entre elles. Elles possèdent toutes une ouverture de tir de type canonnière, mis à part celle située dans les combles. Elles sont homogènes et présentent un mode de construction similaire. Le mobilier recueilli dans les conduits a offert une vision panoramique du vaisselier et d’accessoires de la vie quotidienne du XIXe et du début du XXe siècle. Les éléments qui ont permis une datation précise se caractérisent par des porcelaines estampillées de Gien ou encore de Sarguemines. Le comblement est homogène dans les deux sorties et marque l’abandon de l’utilisation des latrines ainsi que la mise en place des caniveaux le long du mur nord et de la tour lors des travaux de réfection du XIXe siècle. La campagne de 2009 a permis de mettre en évidence l’importance des travaux de réfection effectués au XIXe siècle dans le château de Rilhac-Xaintrie, évacuant une bonne partie des témoignages stratigraphiques des occupations antérieures. Les latrines, a conduits biais débouchant probablement dans des fosses, présentent un bel exemple des aménagements de confort et d’hygiène dans une fortification de la fin du XVe début du XVIe siècle, en très bon état de conservation.
Mylène NAVETAT