Fiche
Résumé
Préalablement à l’extension de pavillons dans le foyer de l’A.D.A.P.E.I., à Lescar, une intervention archéologique, répartie sur trois secteurs, a été effectuée pendant l’été 2008. Situé en pied de coteau, dans l’ancien lit du Gave de Pau, le foyer de l’A.D.A.P.E.I. se trouve en plein cœur du quartier du Bialé, dans une zone archéologiquement sensible, qui a pu constituer le centre de l’agglomération de Beneharnum durant le Haut Empire.
Cette fouille a mis en évidence plusieurs phases d’occupation du secteur entre la fin du Ier siècle avant J. C. et le IIe siècle de notre ère. Dès la mise en place des premiers éléments d’urbanisme, le quartier se structure autour d’un axe de voirie nord-est/sud-ouest, connu par les investigations des années 1980 1990 menées par M. Bats puis Fr. Réchin.
Dans le premier secteur, l’intervention a révélé l’existence d’une partie d’un bâtiment présentant deux états de construction et s’organisant autour de plusieurs pièces rectangulaires. À un mètre au sud de l’édifice, est apparu un petit tronçon de la voie mentionnée ci-dessus. Entre les deux, un espace de circulation intermédiaire a pu être identifié. La présence de trous de poteau dans les deux maçonneries qui le délimitent permet de penser qu’il pourrait s’agir d’une galerie à portique.
La seconde zone de fouille, plus à l’est, a révélé un autre tronçon de cette même voie. Ce dernier côtoie un bâtiment dont le plan présente une organisation avec des pièces rectangulaires perpendiculaires à la rue. L’absence de traces d’une éventuelle galerie, identique à celle de la première zone, et la découverte d’un nouvel axe de voierie nord-ouest/sud est, donnant sur le réseau principal et séparant les deux secteurs de fouille, nous montrent que ce quartier de Beneharnum s’organise au moins autour de deux îlots présentant des aménagements différents.
Enfin, dans la dernière zone, située à une trentaine de mètres au nord de la deuxième zone, ont été mis au jour les vestiges d’un bâtiment thermal, vraisemblablement public en raison de ses dimensions, pour lequel le caldarium et l’emplacement du praefurnium ont été identifiés.
Vers la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle de notre ère, le quartier semble être progressivement abandonné comme en témoigne les arasements de l’ensemble des maçonneries. Au cours du IIIe siècle, une réorganisation partielle du sud de la zone s’opère avec l’apport d’un remblai de cailloutis venant recouvrir les traces d’occupation antérieures. Ce remblai, extrêmement induré, qui n’a laissé apparaître aucune trace de structure, plaide en faveur de l’aménagement d’un espace ouvert en lien avec la voirie. La faible proportion de mobilier archéologique postérieur au IVe siècle et l’absence de vestiges de cette époque viennent appuyer l’hypothèse d’un abandon partiel, voire total, du quartier au profit d’autres secteurs de l’agglomération comme le quartier de l’église Saint Julien, plus à l’est, et celui de la ville haute.
Mathieu ROUDIER
Mathieu ROUDIER