Fiche
Résumé
Le Groupement de valorisations et d’investissements immobiliers G.V.2.I a entrepris une réhabilitation avec valorisation des bâtiments conventuels de l’abbaye cistercienne Saint Bernard de Bayonne. Le gérant, M. Mouronval a alors sollicité la société Hadès afin d’effectuer une opération d’archéologie préventive prescrite par le Service Régional de l’Archéologie Aquitaine. Le cahier des charges était établi sur le constat d’une absence d’étude architecturale. L’objectif était de «documenter l’histoire de l’édifice et d’apporter des éléments de calage chronologique : style architectural, mobilier associé, fait (construction, extension, démolition,…) pouvant être mis en parallèle avec les données textuelles et archivistiques». Ainsi, 5 jours ont d’abord été consacrés à une étude archéologique du bâti. 3 jours ont ensuite été employés pour une étude historique. Enfin, 5 jours ont servi à l’analyse des données du terrain, la mise au net des relevés et la rédaction de la synthèse.
Le couvent Saint Bernard est actuellement localisé entre la voie ferrée Bordeaux Bayonne et la départementale 309 conservant le nom de «chemin de Saint Bernard». Les bâtiments ont été transformés en habitations au XXe siècle. Toutes les études historiques antérieures ont tenté de faire le point sur l’origine de l’abbaye cistercienne Saint Bernard, l’identité du fondateur et la chronologie de l’installation des moniales. Elles se trouvent systématiquement confrontées à une absence de sources explicite et à la «tradition écrite» d’une implantation religieuse préexistante. Cependant, aucune relation, pas même topographique, ne peut être établie entre cette supposée fondation et celle de l’abbaye cistercienne. Les sources témoignant de l’implantation des religieuses n’apparaissent donc qu’en 1245. À cette date, les moniales bénéficient d’une bulle pontificale de confirmation des privilèges. Néanmoins, leur établissement ne peut pas être attesté avant 1268, année de la première mention d’une abbesse. Parmi l’ensemble de la documentation, seuls les plans du XVIIIe siècle et les archives révolutionnaires permettent de dresser un inventaire des espaces constitutifs du couvent. Les constructions étudiées ne correspondent qu’à trois d’entre eux.
5 phases ont été déterminées à partir de l’analyse des élévations. Les plus anciennes constructions correspondent aux rez-de-chaussée de deux bâtiments identifiables à une sacristie et une salle capitulaire. Elles constituent une partie d’une aile orientale disposée au nord de l’église et précèdent l’édification d’un réfectoire directement accolé à la salle capitulaire (phase II). L’identification de cet autre espace est avérée par l’existence d’une chaire de lecteur. Pour ces deux phases, les ouvertures sont caractérisées par des remplages de type rayonnant qui incitent à les dater de la seconde moitié du XIIIe siècle.
La phase III comprend une importante démolition de toute l’aile orientale. Elle peut éventuellement être imputée à des opérations militaires s’étant déroulées sur l’Adour en 1814. La phase IV intègre une série de transformations attribuables à Primo Feliciano Martinez de Ballesteros, lors d’une réhabilitation en manufacture de tabac, puis de bouteilles au XIXe siècle. La dernière phase correspond à une transformation de l’ancienne sacristie en chapelle à la fin du XIXe siècle.
Les informations recueillies lors de cette étude restent insatisfaisantes pour véritablement cerner l’implantation. Aucun indice de datation absolue n’a pu être recueilli. Le principal apport consiste en une meilleure identification des espaces et un relevé des caractéristiques des structures, et plus particulièrement des moulurations.
Patrick BOUVART