Fiche
Résumé
La portion de mur située Rue de l’Ancienne Préfecture, à Périgueux, et limitant au sud le jardin de l’espace culturel François Mitterrand, est concernée par un projet d’aménagement d’espace vert par le Conseil Général de la Dordogne. L’étude, consistant en des sondages des maçonneries, une couverture orthophotographique et topographique de l’ouvrage, une analyse stratigraphique et une recherche bibliographique, a permis d’éclairer sous un jour nouveau l’histoire d’une partie de l’enceinte de Périgueux : l’angle sud est du Puy Saint Front, de la porte de l’Aubergerie à la rive de l’Isle. La consultation des sources écrites et des publications permet de dresser un bilan des connaissances pour le secteur envisagé. Largement abordée par Arlette Higounet Nadal, la morphogenèse de Périgueux au Moyen Âge reste mal connue pour ce secteur. C’est en effet dans cette partie que l’enceinte aurait connu des variations de tracé. Les documents, de natures très diverses (sources écrites, gravures et plans) apportent des informations ponctuelles et parfois contradictoires. Ils méritaient une confrontation entre eux et avec les vestiges conservés.
L’analyse des maçonneries, portant essentiellement sur les étapes les plus anciennes, a permis d’individualiser plusieurs phases de construction. Malheureusement, leur chronologie n’est pas connue de façon linéaire. Le principal apport est la mise en évidence de l’antériorité de plusieurs édifices indépendants sur la construction de l’enceinte proprement dite. Ces édifices, qui ont fait l’objet de transformations et d’une évolution, ont été conçus dans un environnement ouvert démontrant une homogénéité dans l’organisation spatiale, suivant un alignement ouest-est. Plusieurs structures attestent d’une circulation entre les espaces de part et d’autre de cet axe. Leur chronologie absolue et relative est inconnue et il convient de nuancer la contemporanéité de ces maçonneries. Un second apport de l’analyse est l’identification d’une portion d’enceinte, relativement cohérente, dotée d’une tour de flanquement et d’archères, et qui a intégré l’alignement de ces structures préexistantes. La confrontation des sources entre elles et avec les vestiges conduit à proposer une hypothèse cohérente de la nature et de la chronologie des constructions. Elle permet aussi de les replacer dans l’histoire de l’enceinte de Périgueux. L’hypothèse la plus probable est qu’une partie déjà urbanisée de la ville le quartier de la rue Neuve a été englobé dans une extension de l’enceinte suivant les limites de cette occupation en plusieurs étapes. Les quatre évaluations démographiques du bourg pour cette période permettraient d’étalonner chronologiquement cette évolution du bâti. À titre d’hypothèse, nous proposons un schéma qui tente d’accorder les étapes de construction et la respiration démographique du bourg : vers 1330, le quartier de la Rue Neuve est urbanisé sous une forme indéterminée avec peut être une première tentative de fortification ; il est progressivement abandonné entre 1340 et 1460 ; il (ré )intègre la ville dans la phase d’expansion de la seconde moitié du XVe siècle, en étant ceint de nouvelles murailles ; cette enceinte intègre les parties plus anciennes lors de son achèvement dans les années 1500 et fixant l’enceinte et une limite parcellaire forte. Les terrains et les bâtiments sont ensuite rachetés par le consulat en 1530 pour y fonder un collège.
Dans le cadre de la recherche historique et de la valorisation d’un patrimoine culturel, si l’analyse de ce mur ne répond malheureusement pas à toutes les questions de détail, elle montre malgré tout l’intérêt de se pencher sur des maçonneries qui pouvaient paraître assez banales au premier abord.
Pierrick STÉPHANT
Pierrick STÉPHANT