HADÈS Archéologie

Bourg de Turenne

Fiche

  • Responsable : Sylvie CAMPECH, Mélanie CHAILLOU, Dimitri PALOUMBAS
  • Période de fouille : 1997, 2004, 2011-2012
  • Localité : Turenne (Corrèze)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : MIDI

Résumé

1997 – Église Saint-Pantaléon

L’église du village de Turenne est dédiée à Saint Pantaléon. Elle est édifiée hors les murs au XVIIe s. pour remplacer l’ancienne église paroissiale médiévale située dans l’enceinte du castrum. Cet édifice devant faire l’objet de travaux de restauration, le service des Monuments Historiques a fait réaliser cinq sondages profonds à sa périphérie. Le Service Régional de l’Archéologie du Limousin a demandé par la suite une analyse archéologique de ces sondages afin d’évaluer le sous-sol du site. À ce jour, aucune étude historique sur l’église de Turenne n’a été publiée. Les informations éparses recueillies dans les revues locales déjà anciennes sont peu précises sur l’histoire des églises du lieu. Les sondages montrent que l’église Saint Pantaléon a été édifiée, à l’époque moderne, sur un site vierge d’occupation. Le peu de mobilier recueilli ne permet pas de préciser la date de sa construction. En revanche, la présence d’un mur arasé sous l’élévation sud du bâtiment actuel apporte peut être une explication sur son histoire. En effet, cette maçonnerie inférieure et l’église moderne, de par leur mise en œuvre et de par leur plan, semblent appartenir à une même époque de construction. Ainsi on peut se demander si ce mur n’appartient pas à un premier projet laissé en attente, puis repris par la construction actuelle. Cette hypothèse pourrait expliquer les données issues de la tradition orale qui veulent que l’église soit commencée par Charlotte de la Marck (à la fin du XVe s.), alors que les sources écrites supposent une construction dans la seconde moitié du XVIIe s. Évidemment, cette interprétation des données archéologiques demande à être confirmée par des investigations complémentaires.

2004 – Inventaire

La ville de Turenne (Corrèze), composée de son ancien castrum au nord et prolongée vers le sud par un axe rejoignant la route de Martel, est surtout connue pour son château médiéval perché sur un promontoire rocheux abrupt. Toutefois, la ville conserve des portions d’enceintes et un bâti civil remarquables qui n’avaient jamais fait l’objet d’études. Le service régional de l’Archéologie du Limousin, a confié à Hadès un inventaire du patrimoine archéologique bâti, limité au bourg, et couvrant les périodes allant du Moyen Âge au XVIIIe siècle.

Ainsi, plusieurs éléments répétitifs ont été repérés sur les maisons, telles de grandes baies rectangulaires ou en arcades, ouvertes au rez-de-chaussée, qui indiquent les activités artisanales de certaines rues, surtout à la fin de l’époque moderne, en particulier le long de l’axe nord-sud qui relie l’ancien castrum à la route de Martel en passant par la place de la Halle. En outre, quelques visites de demeures ont permis de constater que les façades modestes et remaniées des habitations ne reflètent pas la qualité du bâti à l’intérieur. Par exemple, plusieurs grandes demeures possèdent de larges tours d’escalier – circulaires, polygonales ou prises dans la maçonnerie, souvent construites postérieurement – ou des caves voûtées, parfois aménagées avec un puits d’angle (la plupart du temps disparu), toutes très soigneusement mises en œuvre.

Par contre, peu de demeures sont très anciennes. En effet, l’inventaire révèle que, hormis quelques rares exceptions des XIIIe XIVe siècles, la grande majorité des maisons a été construite aux XVe-XVIe siècles, puis au XVIIIe siècle. Les vestiges les plus anciens se limitent à un cordon régnant mouluré, quelques linteaux taillés en bâtière ou délardés en arc brisé pour le couvrement de baies géminées aujourd’hui disparues. Si quelques maisons des XIIIe-XIVe siècles sont sises dans les limites du castrum, d’autres, construites hors-les-murs témoignent de l’ampleur du village jusqu’à la place de la Halle dès le Moyen Âge. Aussi, les demeures de la fin de cette période et du début de l’époque moderne, ouvertes de croisées et de portes au linteau taillé en accolade, sont les plus nombreuses et les plus remarquables.

Enfin, le tracé des deux enceintes – souvent mal conservées – entourant le château et le bourg primitif est plus ou moins reconnaissable. Dans la partie sud de la première enceinte, deux casemates des XVe-XVIe siècles sont en relativement bon état, contrairement au bastion Magal, très délabré, en forme de tête de vipère, construit au nord, vers les XVIe-XVIIe siècles. Des parties de la deuxième enceinte peuvent remonter aux XIIIe-XIVe siècles, voire au XIIe siècle : ce sont des salles voûtées de très belle facture, qui méritent une attention particulière, d’autant plus que les dégradations dues au manque d’entretien et aux infiltrations d’eau menacent leur stabilité. La tour Mauriolles est aussi, à ce titre, à surveiller particulièrement. Par contre, la porte sud de la ville, à l’est de cette tour, – la seule conservée – reste stable, mais elle a été très remaniée à l’époque moderne.

Ainsi, l’inventaire a permis de souligner les restaurations importantes des demeures et l’état préoccupant de certains éléments des enceintes. Certaines études monographiques et quelques sondages archéologiques seraient sans doute à envisager.

Mélanie CHAILLOU

2011-2012 – La tour de Mauriolles, la chapelle des Capucins

L’opération d’étude archéologique s’inscrivait dans le cadre d’un projet de restauration et d’aménagement d’un ensemble architectural comprenant une tour de flanquement, dite « de Mauriolles », un logis médiéval, et la chapelle des Capucins. Le service régional de l’Archéologie du Limousin a prescrit une étude préalable de ces bâtiments et de leurs abords, la commune ayant programmé la construction d’un belvédère sur l’arase restante de la tour de Mauriolles et le réaménagement de l’espace de circulation à l’est de la chapelle, sur la place. L’intervention a été scindée en deux parties.

Sept phases d’occupation principales ont été mises en évidence au terme de cette opération. Les événements s’échelonnent entre le XIIe siècle et le XXe siècle. L’existence du toponyme « Mauriolles » au XIIe siècle est avérée, mais ce n’est qu’en 1265 que les sources écrites font émerger une première séquence d’occupation bâtie à proximité de la porte de Mauriolles.

D’après la typologie de ses maçonneries, la tour de Mauriolles – dont la première mention date de 1506 – semble avoir été construite avant le XVe siècle : c’est ce que suggère l’utilisation d’un appareil régulier en pierre de taille de grès rouge et de calcaire oolithique. Les layures repérées sur le parement confirmeraient aussi cette proposition de datation. Elle a manifestement été détruite après le Moyen Âge, mais la date exacte de cette démolition partielle reste imprécise.

La construction de la chapelle semble avoir été précédée d’un nivellement général de la place, les pavages et les aménagements qui leur sont liés, au sud, ne peuvent toutefois pas être attribuées à une période précise. Leur positionnement en stratigraphie les situerait juste après l’édification de la chapelle des Capucins, c’est à dire à la fin du XVIIe siècle.

L’étude archéologique de la tour de Mauriolles et de la chapelle des Capucins a révélé plusieurs informations qui devront être prises en considération dans les futurs projets de terrassements.

Dimitri PALOUMBAS