Fiche
Résumé
Le CRÉDIT IMMOBILIER DU LIMOUSIN envisageant la démolition d’un ensemble de bâtiments situés à l’angle de la rue Vigne de Fer et de la place du Poids Public (parcelles 409, 410, 411 et 414), le Service Régional de l’Archéologie a prescrit l’étude préalable de l’un des deux réseaux de caves situés sous ces immeubles (parcelle 414).
Ce réseau, creusé dans un terrain gneissique, est constitué de deux étages orienté nord sud (L = 19 m ; l = 8 m, H 1er niveau = 4,25 m ; H 2e niveau = 3 m). La construction emploie largement des blocs éclatés de schiste, et à un degré moindre de granite, pour constituer des maçonneries en appareil irrégulier. Le schiste seul est mis en œuvre pour les voûtes et les arcs de décharge, en dalles disposées de chant. Les piliers, une colonne et certains chaînages utilisent exclusivement le granite taillé.
L’analyse du bâti a permis d’établir une chronologie de l’édifice que trois sondages archéologiques viennent préciser. Mais il faut avouer notre ignorance quant à la datation précise des diverses phases de la construction.
Les données sur les premiers temps de l’édifice et son occupation sont lacunaires. Une simple tête de mur au niveau inférieur illustre la phase la plus ancienne connue, qu’aucun élément archéologique ne permet de dater.
La mise en place du plan général actuel s’effectue dans les limites du parcellaire ancien (antérieur à l’incendie de 1790 qui a entraîné le remodelage du quartier). Les élévations ont été reconnues avec la construction des parois périmétriques, sur arcs de décharge au niveau inférieur et en murs pleins au niveau supérieur. Les deux étages de cave sont alors divisés par un plancher portant sur des corbeaux. du côté de la place du Poids Public, au 2e sous-sol, deux passages sont aménagés, probablement pour conduire à des caves adjacentes, sous la rue. Le 1er sous-sol prenait le jour par un soupirail, au nord. Un escalier sur arc rampant est assez rapidement rapporté contre la paroi est.
Mais l’on ne peut situer plus précisément qu’au bas Moyen Âge ou à l’époque moderne ces aménagements. En effet, une importante campagne de travaux, aux XVIe ou XVIIe s., paraît avoir détruit les sols anciens du niveau inférieur par un sur creusement du substrat.
Ces travaux sont marqués par le voûtement des caves, en berceau au 1er niveau et en voûtes d’arêtes au second, et la construction d’un escalier au sud. La qualité des aménagements, l’ampleur donnée à l’escalier et le soin apporté à la taille des nouveaux supports traduisent une volonté ostentatoire. On peut supposer que désormais ces caves ne sont plus de simples locaux utilitaires mais sont destinés à être vus. Elles ouvraient à la fois sur la place du Poids du Roi au moins pour l’éclairage et à l’arrière sur un passage communicant avec la rue Vigne de Fer. Il n’est pas exclu que le niveau inférieur ait été relié à d’autres caves, à l’ouest et au nord. Le mobilier archéologique, trop rare, relatif à cette phase tend à une fourchette chronologique du XVIe ou XVIIe s. pour ces transformations. La taille des moellons, le style des piliers du grand escalier sud et la monumentalité de ce même escalier ne démentent pas cette datation. Durant cette période et suivant le même style, une série de piles carrées montant de fond est rapportée pour supporter une charge nouvelle située au rez-de-chaussée.
Les lieux semblent exploités en l’état jusqu’à la fin du XVIIIe s., après quoi, les caves sont progressivement transformées en débarras ou en réserve à charbon, jusqu’à devenir, aujourd’hui, un dépotoir.
Les vastes proportions et la qualité du bâti ne peuvent être liées à un simple usage de remise. Il faut probablement y voir un espace lié à la vocation commerciale du quartier, connue dès le XIIe ou XIIIe s. L’aspect ostentatoire de l’édifice, marquée au XVIe ou XVIIe s. par le voûtement et la construction d’un escalier monumental accroît à cette période l’idée de volumes faits pour être visités. Malheureusement, on ignore à peu près tout du bâtiment qui surmontait ces caves. Il appartenait à un aubergiste lors de sa destruction en 1790 ,dans l’incendie qui a ravagé près du tiers de la ville, et était composé d’un rez-de-chaussée et de deux étages sous grenier.
Bernard POUSTHOMIS Bureau d’études HADÈS
Bernard POUSTHOMIS