Fiche
Résumé
1996 : L’abri sous roche
L’abri sous roche qui fait l’objet de cette étude se situe sur le front est de la plateforme sur laquelle s’élèvent les ruines du château de Séverac (fig.02 et 03). Ce socle calcaire est occupé, dès le VIIe s. avant notre ère et durant l’Antiquité, par un oppidum (« castrum Severi »). Au Moyen Âge, Séverac est une puissante seigneurie dont le village est dominé par un imposant château. Celui-ci est reconstruit au XVIIe s. dans un style plus « moderne ». Plusieurs incendies successifs (en 1658 et en 1764) vont amorcer la ruine des constructions castrales. Vers 1797 1799, le site devient une carrière de récupération de matériaux. Le site est classé en 1922 et la commune rachète les ruines en 1966. Une première campagne de travaux prioritaires pour la sauvegarde des constructions et la sécurité des personnes a été lancée durant l’hiver 1996. Ces travaux concernent la stabilisation du socle rocheux et plus précisément le clouage de la table calcaire. L’intervention archéologique, menée dans le cadre de cette campagne, a consisté à suivre le creusement d’une tranchée ouverte le long du pilier est de l’abri sous roche (fig. 04) . Celui-ci se développe suivant un axe est ouest et possède deux entrées, l’une à l’est et l’autre orientée au nord. L’étude archéologique s’est limitée à sonder l’emprise de la tranchée (soit 3 m x 0,50 m et 0,50 m de profondeur). La fouille a été effectuée manuellement par séquence de 0,10 à 0,15 m d’épaisseur. Le tamisage des strates ne nous a pas paru nécessaire.
Le rocher n’a pas été atteint par les travaux, l’intervention n’ayant concerné que le remblaiement progressif de l’abri par des apports éoliens et détritiques. Ce comblement apparaît uniforme sur toute l’épaisseur fouillée : une terre argileuse très fine provenant en partie de la décomposition du calcaire. On trouve en inclusions des dallettes de calcaire détachées du rocher mais également des éléments extérieurs tels que des fragments de schiste micacé, occasionnellement des fragments de tuiles ou briques et de céramiques et quelques ossements d’animaux. Le mobilier recueilli dans ce sondage, distingué en unités stratigraphiques tous les dix à quinze centimètres fait apparaître deux niveaux chronologiquement discernables. Jusqu’à 0,25 m de profondeur le lot a une tendance XIXe XXe s. avec des éléments résiduels des XVIIe et XVIIIe siècles. Entre 0,25 m et 0,50 m de profondeur, le lot regroupe des tessons plus anciens, mais leur état fragmentaire et leur quantité réduite ne permettent pas de préciser leur date (de l’Age du Fer au Moyen Âge).
Sylvie CAMPECH
1997
Aujourd’hui, le château de Séverac-le-Château se présente comme un vaste ensemble de constructions médiévales et modernes en ruines. Elles occupent un plateau rocheux surélevé dominant le village qui s’étale sur les pentes est et sud. L’intervention archéologique menée cette année fait suite aux conclusions de l’étude préalable de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques. Cette dernière met en avant les mesures de consolidation et de restauration urgentes à faire pour sauvegarder les vestiges. Elle précise également la nécessité d’une réflexion sur la réutilisation des constructions et de l’espace par rapport aux données de l’archéologie. Suivant ces deux directives, plusieurs opérations ont été menées cette année. Les résultats apportent des données nouvelles sur l’histoire des constructions.
La butte du château de Séverac est un site phare pour le sud du Rouergue depuis la Protohistoire. Un lot de céramiques trouvé en place, lors de l’intervention, confirme bien une occupation du lieu dès le 1er Age du Fer. Pour la période médiévale, les textes témoignent de l’importance de la seigneurie. du château proprement dit, une seule construction accolée à la courtine nord est conservée. L’observation de ce corps de logis atteste de l’évolution incessante du bâtiment à travers les siècles. Il est l’exemple d’une adaptation fonctionnelle aux besoins des époques. Les vestiges les plus anciens, constituant le rez-de-chaussée du bâtiment, sont pour l’instant difficilement datables. Au milieu du XIIIe s., le premier niveau accueille la chapelle castrale, l’étage est un espace résidentiel. Courant XVe/XVIe s., ce corps de logis fait l’objet d’une rénovation (fenêtre à meneaux). Enfin, au XVIIe/début XVIIIe s., il est transformé en écurie et en grenier à blé. Le lieu de cultes reconstruit sur la terrasse est de la butte, dans les années 1630. Un sondage ouvert sur son emplacement supposé a mis au jour plusieurs maçonneries pouvant correspondre à ce dernier lieu de culte détruit à la fin du XVIIIe s.
Sylvie CAMPECH
1999
L’intervention archéologique menée cette année entre dans le cadre des restaurations engagées en 1997 par la Conservation Régionale des Monuments Historiques, la Mairie et l’Association de Sauvegarde du Château. Les travaux de confortation de la courtine nord fortement arasée, comprise entre le logis médiéval et la croix des martyrs, envisageaient d’abaisser les terrains de la terrasse dite « des canons ». Deux sondages d’évaluation, placés à chaque extrémité de l’emprise du chantier, ont été effectués afin d’observer la stratigraphie. Conjointement, nous avons suivi le terrassement du talus situé à l’ouest de la zone d’intervention archéologique. La terrasse dite « des canons » apparaît comme une plateforme naturelle constituant le point haut du site. Les résidus anthropiques (déchets de forge, piquetages de maçonneries) observés sur la pente rocheuse indiquent fort probablement une occupation de la terrasse avant la construction de la courtine nord, à la fin du XVIe XVIIe siècle. Cette dernière permet d’étendre la surface habitable de la plateforme d’environ 3 m de large.
Des vestiges de maçonneries modernes, fortement détruits, sont conservés à l’arrière de la courtine. À l’ouest de la zone sondée, la plateforme rocheuse s’interrompt par un escarpement important. Le dénivelé est aujourd’hui rattrapé par un talus de pierres et de terre. Parmi ces nombreuses pierres issues des démolitions du site, un fragment de fenêtre à remplage gothique (XIIIe XIVe siècle) a été recueilli. Il provient certainement du château médiéval dont les vestiges subsistent contre la courtine nord.
Le château de Sévérac se présente comme un vaste ensemble de constructions médiévales et modernes en ruine. Elles occupent un plateau rocheux surélevé dominant le village qui s’étale sur ses pentes est et sud (fig. 1). Cette intervention archéologique entre dans le cadre des restaurations engagées en 1997 par la Conservation Régionale des Monuments Historiques, la Mairie et l’Association de Sauvegarde du Château. La tranche de cette année concerne la confortation de la courtine nord fortement arasée, entre le logis médiéval et la croix des martyrs (zone 5, fig. 2 et 3). Afin de former un parapet de protection sur tout le front nord, deux solutions se présentaient à l’Architecte en Chef des Monuments Historiques (D. Larpin). La première consistait à remonter la courtine et laisser ainsi la terrasse dite « des canons » intacte. La seconde possibilité technique proposait d’abaisser le niveau de sol afin de dégager le mur d’enceinte sur une hauteur d’au moins 0,90 cm. La seconde solution envisagée, imposait des sondages archéologiques préalables. En effet, lors d’un précédent suivi de travaux, en 1997 (fig. 2 et 4), étaient apparus dans ce secteur les vestiges du château moderne conservés sous les remblais. de plus, malgré la riche documentation des XVIIe et XVIIIe siècles, l’utilisation de la plateforme orientale qui domine le site reste inconnue. Les sondages devaient aider à préciser sa nature.
L’intervention qui s’est déroulée en novembre 1999 a consisté à ouvrir deux sondages à chaque extrémité de l’emprise des restaurations (fig. 3) afin d’observer la stratigraphie . Conjointement, nous avons suivi le terrassement du talus situé à l’ouest de la zone d’intervention. La numérotation des Unités Stratigraphiques (US) suit celle créée en 1997 lors de la première surveillance archéologique.
Les résultats de l’évaluation ont été grandement limités par les détériorations stratigraphiques dues aux restaurations de la courtine nord en 1989 . Une tranchée de 1,90 m de large coupe les liaisons du mur d’enceinte avec les strates archéologiques. Ces perturbations ne permettent pas une observation stratigraphique précise, surtout pour le sondage 2. de nombreux indices ont disparu et ce probablement tout le long du mur.
Sylvie CAMPECH
2000
Un programme de restauration conduit sous l’égide de la Conservation Régionale des Monuments Historiques est engagé depuis 1997 sur le château de Séverac. L’intervention archéologique présentée ici était préalable à la consolidation d’une nouvelle portion de courtine dans la partie nord est du site. Dans la zone étudiée, les premiers indices d’une activité humaine, au plus tôt au XIIe XIIIe siècles, sont localisés dans une dépression du terrain naturel rocheux, au nord d’un édifice du XVIIe siècle (église Saint Jean Baptiste).
Il convient de noter la présence de mobilier antique, céramique sigillée et tegulae, dans la plupart des remblais. Il atteste d’une occupation antique du site.
Une première maçonnerie a été mise au jour dans la partie est de la zone de fouille. Son tracé suit de près l’aplomb rocheux au nord. Elle est interrompue à l’ouest, par une reprise. Elle se prolonge à l’est en rejoignant une petite tour circulaire de flanquement. Cet ensemble maçonné peut être identifié comme une portion de courtine, antérieure à la fin du XVe siècle. Une seconde maçonnerie est apparue à l’ouest. Son tracé dessine un mur de courtine d’orientation est ouest et une petite tour intérieure, très endommagée à l’est. La chronologie de cette portion de courtine, également antérieure à la fin du XVe siècle, ne suffit pas pour la considérer comme contemporaine de la précédente.
Des reprises ultérieures de ces enceintes aux XVIe et XVIIe siècles, observées tant sur la portion orientale que sur la portion ouest, indiquent la fréquence des destructions ou des modifications qu’elles ont subi, avant un arasement général au XVIIe siècle.
Les premiers aménagements intra-muros postérieurs à la courtine orientale attestent d’une occupation située dans un espace construit indéterminé. Après la destruction de cet édifice, deux murets apparaissent comme constitutifs de l’établissement d’une terrasse au milieu du XVIe siècle. Au milieu de l’époque moderne, la partie nord est du site castral a été le lieu d’une campagne de construction importante avec l’édification d’une église, dotée d’une maison curiale et d’un clocher d’après la description des lieux en 1669. Cette partie de l’édifice, connue partiellement par des fouilles réalisées en 1997, présente une structure complexe qui permet de l’assimiler à la partie résidentielle. Cet ensemble est largement transformé à la fin du XVIIIe siècle, peut être en lien avec la ré affectation du bâtiment en maison de réclusion du district, attestée en 1791. L’édifice est ensuite l’objet d’une destruction systématique qui se rapporte probablement à l’épisode de la vente du château à Antoine Casimir Couret, en 1797 ou 1799, et à la transformation du site en carrière.
Pierrick STÉPHANT
2002
Cette intervention n’a livré que quelques informations d’ordre général sur le tracé de l’enceinte de la fin du Moyen Âge et la topographie de l’église moderne. Le mobilier collecté complète et confirme les données recueillies en 2000. Si de nouveaux décaissements ne sont pas nécessaires au cours des travaux de restauration, le suivi archéologique se limite à ces quelques observations.
Pierrick STÉPHANT
2012
Le château de Séverac est implanté sur une butte témoin, dominant le village situé en contrebas. La plateforme sommitale, dont les premiers indices d’occupation remonteraient à la fin de l’Âge du Bronze, a connu plusieurs phases d’aménagements du Moyen âge à l’époque moderne.
La Commune souhaite faire restaurer le corps de logis du XVII e siècle qui abritait la salle des Hommages : vaste bâtiment, aujourd’hui à ciel ouvert, comprenant trois niveaux dépourvus de planchers (fig. 1).
Afin de compléter les résultats des nombreuses interventions antérieures, une opération de sondages a été programmée par le service régional de l’Archéologie (fig. 4). Son objet était d’observer la stratigraphie et les éventuels niveaux de sols conservés, ainsi que de documenter rapidement les élévations associées, afin de renseigner l’édifice avant restauration.
Les murs de ce corps de logis, les aménagements de conforts, tels que les cheminées (fig. 2) et les ouvertures, sont mis en place sur le substrat rocheux préalablement taillé.
Une partition du rez-de-chaussée est ensuite réalisée. Elle s’organise en fonction d’un mur de refend longitudinal traversant le bâtiment de part en part. Les vestiges d’un des murs perpendiculaires et d’une porte assurant la circulation entre deux pièces ont été mis au jour (fig. 4).
Les revêtements de sols étaient apparemment constitués de dallages.
Un escalier, installé dans l’embrasure d’une porte s’ouvrant à l’extrémité orientale de la façade sud, donnait accès à une terrasse extérieure (fig. 3).
Tous ces éléments semblent appartenir à une même campagne de travaux intervenue au début du XVII e siècle.
Dès la fin de ce siècle, le château est peu à peu abandonné, puis démantelé : les sols et la couverture sont récupérés, la charpente et les planchers sont déposés, des remblais de démolition s’accumulent entre les murs de l’édifice.
Bien que ponctuelles, les interventions archéologiques successives menées sur ce site permettent aujourd’hui de mieux appréhender son évolution.
Cependant, certaines zones restent à documenter, et en ce qui concerne le bâtiment de la salle des Hommages lui-même, l’organisation spatiale et fonctionnelle serait à préciser. Aussi, peut-on souhaiter que de prochaines interventions archéologiques viennent compléter nos connaissances sur ce site.
Évelyne BILLAUD